La Sarre | Une municipalité, une histoire
31 octobre 2025
La Sarre
« Au-delà d’un surpeuplement de la vallée du Saint-Laurent, de la Première Guerre mondiale, de la faim, pourquoi sont-ils venus? Pour l’aventure? Non, pour le mystère de l’aventure. Pour un sillon? Non, pour la promesse d’un sillon. Pour l’argent de l’arbre abattu? Non, pour la satisfaction d’une terre nourricière et pour l’indépendance du pain quotidien, pour la liberté. Pourquoi sont-ils restés? Pour surveiller les promesses, pour transmettre un héritage, une mentalité, un air du pays, une réincarnation de l’homme nouveau grandi par l’espace de l’inconnu… » -André Brière, La Sarre, 1992.
Dans les années 1910, passant du rêve à la réalité, les premiers venus à La Sarre ont vaillamment posé les fondations de ce qui allait devenir : le centre décisionnel et de services de l’Abitibi-Ouest. La rassurante ville vers laquelle on converge pour y travailler dur, pour y faire son magasinage à bon prix, pour s’y instruire, pour s’y faire soigner, ainsi que pour les loisirs de qualité et accessibles au plus grand nombre de citoyens. Un résident sur trois d’Abitibi-Ouest habite La Sarre. La ville s’est toujours montrée authentiquement, tel qu’elle est : une collectivité travaillante à rythme humain, charitable et aux rapports très amicaux, cultivant un regard pratique sur les gens et les choses et ancrée dans ses valeurs terriennes. Les bâtiments sont généralement simples et fonctionnels. Elle respire la constance malgré les booms et les quelques soubresauts qu’elle a connu en plus de 100 ans. Passant à travers les crises économiques, la montée de l’empire forestier des frères Perron, les modes, la création avant-gardiste de la deuxième polyvalente au Québec, les feux de forêt et de commerces, c’est avec aplomb que les talentueuses familles engagées notamment en affaires, lui ont permis de tenir le coup et d’assurer la relance après chaque situation heureuse ou difficile. La formidable campagne de recrutement internationale « La Grande séduction » a répondu si brillamment aux problèmes de main d’œuvre dans le réseau de la santé, qu’elle est maintenant citée en exemple partout et rafle de multiples prix. Écouter les besoins réels de chaque individu et y répondre avec engagement et bienveillance pour un accueil et une intégration réussie, fut une formule gagnante. En cette matière, on sait bien faire. Après plusieurs mois d’habitation des nouveaux séduits, on mesure le degré d’intégration par la prononciation correcte du mot : La Sarre… (et non La SÂrre). Ça s’entend.
Le croisement du chemin de fer transcontinental et de la rivière La Sarre en plein cœur de la riche plaine argileuse laissée par le glacier il y a 10 000 ans, est responsable de l’emplacement de la ville. Le sol parfois instable a causé des maux de têtes notamment aux constructeurs des deux centres commerciaux, ainsi qu’à ceux bâtissant la lourde et solide église St-André, faite en granit gris pigés aux flancs de la colline du Golf. Dans ce cas qui avait mis tout le monde en émoi, l’église comportait 12 marches au perron et n’en compte que 3 aujourd’hui. La légende veut qu’étant donné que la glaise est une matière fuyante, l’église St-André en descendant, aurait fait pousser des commerces sur la rue Principale, juste à côté. L’évidence de la montée des commerces était surtout vraie entre les mains des Bordeleau, Asselin, Aubé, Ayotte, Audet, Cousineau, Boisvert, Bussière, Godbout, Lavigne et Roberge. Quant à elle, la Cité étudiante Polyno (la deuxième polyvalente au Québec) inaugurée en 1967 sous l’impulsion prophétique notamment du visionnaire Père Gaston Letendre, conjuguée à la venue de bureaux locaux de ministères et du développement de l’hôpital, ont fait pousser… les quartiers du Domaine Dubuc et du Domaine Trudel. Ainsi, plusieurs affirment que La Sarre est passée d’une mentalité villageoise à une mentalité urbaine à ce moment. L’arrivée dans la ville par la côte de l’hôpital donnait dorénavant l’impression d’entrer dans un important couloir de prospérité. Des jeunes professeurs recrutés aux quatre coins de la province furent les chevilles ouvrières créant la Coopérative funéraire régionale vers 1973. En matière de leaders locaux, l’époque des influents Bordeleau en affaires et les électrisants Létourneau avec leurs deux barrages hydroélectriques rendant dépendant au courant de La Sarre, 6 villages avoisinants, Amos ainsi que plusieurs mines jusqu’à Val-d’or, ont laissé place à une époque marquée par le flair et la détermination de la famille Perron dans la foresterie en particulier dans les années 1960. Premiers à développer un débouché pour le peuplier faux-tremble sous la forme de contre-plaqué, avant d’être pionniers dans le panneau gaufré, les Perron ont non seulement employé des centaines de personnes en Abitibi-Ouest, mais ont été également un acteur pesant sur l’échiquier national dans leur domaine, via des acquisitions nombreuses. Normick Perron à son summum, cumulé à Howard Bienvenue avec sa grosse usine, ont permis de hisser La Sarre au rang de capitale forestière du Canada en 1989. Les ventes à d’autres intérêts et la crise forestière ont changé la donne depuis, mais nous avons heureusement encore une présence importante en foresterie.
Plus récemment, à part les nombreux organismes communautaires qui ont pignons sur rues ici, d’autres entreprises phares font que La Sarre se démarque, telles que Constructions Sylvain Rouleau, Mario Collard, Métal Marquis, Maison Nordique, la fromagerie La vache à Maillotte et Variétés Deschênes pour ne nommer que ceux-là. Si plusieurs feux de commerces, d’institutions et de maisons sont venues malheureusement affecter le moral des lasarrois depuis la fin des années 2010, l’exemple de la reconstruction récente de l’école primaire maintenant appelée Le Phénix du savoir, pour en faire un joyau de modernité en région, a de quoi faire école. Renaître de ses cendres. Le vide laissé par la mort de quelque chose commande un renouveau. Faites-vous partie de ceux qui construiront un bâtiment, une vie, un avenir singulier pour rejoindre le groupe des travaillants acharnés et pragmatiques déjà bien ancrés à La Sarre?
Un texte de Guillaume Beaulieu
Ce projet a été réalisé grâce au soutien financier du ministère de la Culture et des Communications.










