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Gallichan | Une municipalité, une histoire

3 octobre 2025

Gallichan

Eau. Trois petites lettres formant un mot sans lequel Gallichan ne serait pas du tout la même. Traversant le noyau villageois, la névralgique rivière offrait un paysage si rassurant aux premiers colons qu’on nomma l’endroit Saint-Laurent de Gallichan, tant elle leur rappelait le fleuve. L’homme d’affaires François Gallichan avait son importante scierie sur l’île en plein centre de la Rivière, d’où il profitait du transport par flottaison. Ses fondations sont encore visibles du pont Chevalier D’Iberville, autre personnage capital dans l’histoire nationale qui a emprunté la rivière. C’est au bord de l’eau que Joseph Bérubé s’est coupé le pied sur une pointe de flèche autochtone dans les années 1960, pavant la voie aux fouilles archéologiques majeures montrant une présence humaine remontant à 6 500 ans. Au Café des rumeurs, l’été, on montre et on interprète de superbes morceaux en vous parlant même de la dernière glaciation et de son impact sur le paysage. Comprendre le paysage est une chose, mais le vivre et le ressentir est encore plus important. Le couple d’artistes Jacques Baril et Liliane Gagnon sculpte des paysages et des idées souvent avec des matériaux du territoire. Aussi, la marina joue son rôle. Une fois sur l’eau, à la façon que les nombreux riverains vous salueront de la main, vous aurez compris votre condition commune, votre chance partagée. Ce n’est pas pour rien qu’à la fin des années 90, une campagne de promotion de la MRC titrant « La qualité de vie a une adresse… l’Abitibi-Ouest », avait pour magistrale photo de fond, une vue aérienne du village de Gallichan.

 

Une part de la richesse historique locale réside dans « La pointe Apitipik » sur le lac Abitibi non loin de l’embouchure de la rivière Duparquet. En 2002, le site fut décrété site historique national du Canada, vu son rôle central dans le vécu des Anishinabe depuis des centaines d’années. C’était le point de rassemblement majeur lors des grands Pow wow, le point de contact pour la traite des fourrures, le lieu d’arrêt lors des grands déplacements et plusieurs voyaient dans l’immense roche qui tient naturellement sur trois plus petites, un symbole fort. Des épopées s’y sont déroulées. Toutefois, au milieu des années 1950, les parents se voyant tous privés de leurs enfants, amenés principalement au pensionnat près d’Amos, ont déserté l’habitation sur la pointe Apitipik pour tenter de se rapprocher de ceux-ci. De cette manière, Pikogan est née et recèle surtout des familles ayant eu leur vécu autour du Lac Abitibi.

 

Ayant sciemment développé son créneau récréotouristique au fil des ans, Gallichan sait épater. Tout ce qui facilite, développe et promeut la venue de voyageurs ou de nouveaux résidents, intéresse et les occupe les gens d’ici. Pour faire grosse impression, la société d’histoire locale avec Valérie Larochelle et son père Émilien au Café des rumeurs, n’en est pas à ses premières armes. C’est en 2003 que l’ancien presbytère de la paroisse fut converti en restaurant dans lequel le concept des rumeurs fut joyeusement exploité en plus du riche passé Anishinabe. Déjà réputé coquet et recevant, Gallichan a alors haussé sa réputation de deux crans. Déjà, l’accueil rempli d’amour des artistes de renom Liliane Gagnon (miniaturiste) et Jacques Baril (sculpteur) dans leur atelier de travail devenu un attrait touristique prisé, modelait l’idée positive qu’on se faisait de Gallichan. Le positionnement géographique accessible tant pour les populations de Rouyn-Noranda que de La Sarre par les routes et par l’eau profite à cela, en plus des développements domiciliaires et de villégiature riveraine. Le moment annuel de la fameuse Traversée fantastique en radeau de recyclage est à ne pas manquer.

 

En terminant, l’anecdote de la revanche des francophones en foresterie par François Gallichan est révélatrice des tensions d’autrefois. Des témoins d’antan affirment qu’à l’époque où la grosse industrie de sciage d’Iroquois Fall en Ontario discriminait les francophones ou les restreignait à ne pas parler leur langue au travail, il fallait que le bois de leurs chantiers passe par la drave à Gallichan avant d’arriver à l’usine. Ce faisant, il semble que François Gallichan en ait profité pour intercepter du bois qu’il passait ensuite dans son moulin à scies, mais qu’il prenait soin de laisser passer les billots bûchés par les francophones, identifiables par le numéro. Heureusement, les choses ont bien changé depuis dans la vivacité des tensions linguistiques. Chose certaine, s’il y a une personne qui aurait rêvé de faire lever le party en callant des danses traditionnelles en français, s’il avait été de cette époque, c’est bien Antoine Gadoury. Ce jeune s’attarde aujourd’hui avec brio à faire revivre cette tradition qui gagne en popularité avec des groupes de musique Trad.

Un texte de Guillaume Beaulieu

Ce projet a été réalisé grâce au soutien financier du ministère de la Culture et des Communications.