Une municipalité, une histoire | Duparquet
5 septembre 2025
Duparquet
Trois générations furent taillées dans le roc. À muscle durcit par les métiers « d’en d’sour » et habitant des maisons fortement ancrées sur le cap de roche aurifère. Ici, on vit les hauts et les bas ensemble sur quelques rues bien groupées en plus du bord du lac. Tout parle du passé minier et ça s’invite jusque dans les conversations. C’est après avoir voyagé de haut en bas dans une cage de mineur au rythme du prix des métaux des années 1930 à 1960, que dans les années 80, plusieurs résidents ont voyagé plutôt de gauche à droite pour gagner salaire à quelques dizaines de kilomètres en Ontario. Les familles d’immigrants de nom en « …ski » et en « …ska » sont reparties et furent remplacés par des québécois de souche. Seuls des immigrants plus âgés sont restés, mais les liens avec le patelin qui les a vu grandir, puis prospérer sont souvent demeuré. C’est qu’ils ont passé du bon temps à Duparquet.
Puis, les « run » ont été payantes vers ailleurs, mais toujours à extraire de la roche du ventre de la terre. Une terre qui paye. Elle paya jusqu’à 500 employés à la fois, cette poussière traitée et filtrée. La roche d’ici a payé le salaire des parents de Dave Keon, de Tim Horton et d’Elmer « moose » Vasco alors qu’ils étaient gamins et loin de se douter qu’ils seraient des vedettes de la Ligue nationale de hockey. C’est sans compter le vrai Ovila Pronovost qui a délaissé le bois quelques années pour venir habiter et travailler à Duparquet, alors que les romanciers lui ont inventé une fin de vie plus au nord.
La mine Beattie de Duparquet dont la tour d’eau, le « roaster » et la rassurante cheminée sont encore debout, font d’elle une des ruines les plus magnifiques de la région. Stéphane Mongrain, historien amateur enivré des filons informatifs locaux, ébruite de plus en plus les secrets qui ont permis aux gens, aux choses et au territoire de durer dans le temps avec le fil continu de cette mine singulière. Sous nos pieds, c’est de la basse teneur en or. Depuis que le prospecteur solitaire John Beattie a trouvé le gisement principal, ça été le travail de tous les instants de M. Lyndsay de monter et d’opérer une mine à peu de coût pour toucher la rentabilité. Dans les années 40, tout le monde minier de la planète regardait vers ici pour savoir si c’était possible. Réponse : OUI. Tout était pensé en conséquence. Le procédé fut breveté et ça a pavé la voie vers des exploitations différentes et nouvelles dans le monde. Plus tard, c’était du molybdène importé qu’on passait dans les fours pour le réduire en poudre avant de l’envoyer en transformation finale et qu’il soit mélangé à l’acier pour en augmenter la solidité. Dans les années 90, un professeur de La Sarre et plongeur amateur a popularisé malgré lui ses découvertes des galeries inondées du « glory hole » de l’ancienne mine Beattie, en fascinant les jeunes en discussion de fin de cours. Le sous-sol de Duparquet n’a pas fini de faire parler de lui.
Il y a seulement quelques hauts-faits et des bons personnages en véritables légendes humaines qui peuvent rivaliser aujourd’hui avec la popularité de ce qu’on dit du sous-sol de Duparquet. Les exploits et les faits insolites abondent. Vous croiserez des gens qui vous parleront du père Wettring, un hongrois qui a fait construire un gigantesque hôtel de trois étages aux indestructibles murs en béton, qui fut transformé en Concessionnaire GM; des pourvoiries occupées jadis par d’inlassables Américains de l’Ohio; du Club de golf de Duparquet qui doit son emplacement aux compagnies d’assurance qui ont imposées à la mine de faire un espace coupe-feu dégarni autour des installations; de la mine qui est inactive depuis 1989 mais qui a un nouvel acquéreur qui vise à relancer le tout d’ici 10 ans, de concert avec les volontés des résidents. C’est sans avoir parlé de l’Ile Mouk-Mouk qui existe bel et bien sur le lac Duparquet et qui est chargé d’histoire, qu’il y aurait eu des lutins résidents d’une île voisine qui est elle-même à côté d’une île abritant des vieux cèdres de plus de 900 ans. Pour en savoir plus… venez à Duparquet.
Un texte de Guillaume Beaulieu
Ce projet a été réalisé grâce au soutien financier du ministère de la Culture et des Communications.