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Une municipalité, une histoire | Clerval

22 août 2025

Clerval

Est-ce qu’il est possible d’être à la fois insulaire et terrestre en Abitibi-Ouest ? Il n’y a que Clerval qui peut répondre « OUI » sans hésiter. Si votre cerveau cherche à comprendre cette curieuse double identité, voici ce que l’histoire ancienne nous apprend. Non seulement Clerval comporte un territoire agricole important dans une plaine argileuse, mais également c’est au quai de Clerval au lac Abitibi que partaient les familles colonisatrices de l’Ile Népawa tout près de là. Cette île allongée aux paysages à couper le souffle fut la seule d’Abitibi-Ouest habitée en permanence. Avant qu’un pont couvert ne soit construit en 1946, reliant l’île à Sainte-Hélène-de-Mancebourg, le ravitaillement se faisait par le quai de Clerval. Par manque d’espace, l’île n’ayant jamais eu plus de 45 familles pour l’habiter, elle est demeurée dans le territoire municipal de Clerval. C’est ce qui fait encore aujourd’hui qu’une double identité d’insulaires et de terriens ne se vit qu’ici.

 

Sainte-Jeanne-d’Arc de Clerval comporte son lot de familles canadiennes-françaises dès ses débuts tout comme ses voisines, mais lorsque vint le temps de miser sur le développement de terres nouvelles sur une grosse île du lac qui offrait un climat tempéré sans pareil tout comme pour Clerval ou la saison végétative est « boostée » d’un mois de plus par l’humidité, ce n’est pas le même monde qui a répondu à l’appel. Des familles d’Europe de l’Est et d’Allemagne, notamment, sont venues s’y faire une vie. Puis, est arrivée la famine des Îles-de-la-Madeleine et le Ministère de la Colonisation du Québec a trouvé à réchapper près d’une quarantaine de familles d’insulaires d’eau salée pour en faire des insulaires d’eau douce en Abitibi en 1941 et 1942. Ce déplacement, suivi avec intérêt par les médias de l’époque fut décrit d’une plume habile par Gabrielle Roy, témoin de premier plan de ce réenracinement en véritable épopée. Ils avaient un sens social aiguisé, des traditions de loisirs, de savoir-faire bien ancrés et le partage pour credo. Devenant pêcheurs commerciaux en eau douce, locateurs de cabane à pêche blanche l’hiver, coopérants avec des serres maraîchères ou agriculteurs classiques, ils étaient un projet en soi. Avec le temps, les liens anciens s’étiolent et on trouve l’amour dans les paroisses toutes proches. On se métisse de sang et d’idées. On trouve de nouvelles avenues à nos vies, carrefour de nos talents et de nos envies. On se disperse en se reliant le plus souvent possible, puis, deux générations plus tard, il reste des monuments, des livres commémoratifs, des souvenirs qui se disent en souriant et quelques habitudes qui trouvent leurs racines lorsqu’on prend la peine de creuser.

 

À ne pas manquer : une visite agrotouristique dans le coin. La qualité du verger de pommes et de prunes de Monsieur Drapeau n’a d’égal que sa manière passionnée de parler de sa ferme. La Fraisonnée, est une véritable institution depuis deux générations pour ses confitures sans pectine. M. Pellegrino opère une nouvelle entreprise viticole à partir de son miel et il est gonflé d’espoir, tandis que les Bordeleau ont le réfrigérateur gonflé de viandes tendres à vous vendre. Tant qu’à y être, ne manquez pas de dire bonjour à l’artiste Roger Pellerin, fier de son patelin et dont les nombreuses œuvres aux personnages souples et attachants séduisent depuis plus de 40 ans. Parlant de séduction, une traversée du pont couvert de l’île Népawa est toujours une belle aventure attrayante pour quiconque sait s’y arrêter. Ce pont, parmi les plus longs de la région, est un tunnel rempli de secrets, dont les plus beaux se révèlent en passant en bateau en dessous ou en contemplant le paysage, qui attire jusqu’aux meilleurs photographes à travers le monde. C’est donc dire que si vous oubliez votre cellulaire au moment où vous sortez une belle prise de l’eau sur le pilier central du pont couvert, il y a de bonnes chances que le moment soit capté sur le vif quand même. Si c’est le cas, souriez au cas où…

 

À Clerval, la villégiature et les habitations riveraines au bord de ce lac à l’eau couleur café de style moka crème se sont multipliées avec les années. À croire qu’à chaque fois qu’on prend une savoureuse tasse de café fumant dans nos mains au chalet l’été, on se plaît à penser qu’on a devant nous le plus grand réservoir à café du monde entier! Imaginez… on peut même s’y baigner! Amateurs de café, au lieu de vous contenter d’un petit café de restaurant, on se donne rendez-vous demain matin à Clerval pour constater l’ampleur de la tasse!

Un texte de Guillaume Beaulieu

Ce projet a été réalisé grâce au soutien financier du ministère de la Culture et des Communications.