Une municipalité, une histoire | Authier
26 juin 2025
Authier
Positionné entre Macamic, 2e ville en importance en Abitibi-Ouest, et Taschereau, gros centre ferroviaire avec sa gare de triage, Authier a longtemps tiré avantage de sa situation. Soit pour aller chercher des services courants, soit pour drainer des clients vers eux à l’Épicerie Proulx, au dépanneur ou encore des participants à des Festivals. Rapidement, les gens d’Authier ont canalisé leur énergie dans leur avantage géographique ultime : la gestion du trafique du bois buché dans les environs. Les millions de mètres cube de bois coupé à Languedoc ou plus loin arrivaient en procession vers le chemin de fer et ce sont des gens d’ici qui s’occupaient du stockage et du chargement près de la gare. Dans les années 1950, Authier a bien tiré son épingle du jeu pour accueillir le regroupement des chantiers coopératifs qui fusionnent sous le nom de Coopérative forestière du Nord-Ouest (CFNO). Encore la gestion du trafic du bois occupait les travailleurs, jusqu’au nombre de 250 employés. Si traverser le village amène à ralentir depuis toujours pour observer les superbes maisons en pierre des champs, signature d’Achille Bergeron, ce qui amène les touristes à carrément s’arrêter depuis 1981 est le Musée École du Rang 2. Seul centre d’interprétation des écoles d’antan dans tout l’Ouest Québécois, cette fierté d’importance a même fait courir les foules pendant plus de 20 ans par un dynamique théâtre d’interprétation d’époque dans une grange tout juste en face du Musée.
Authier n’a pas eu un début facile. Des coureurs des bois devenus sédentaires s’étaient installé au tout début dans le rang 10, certains que l’église et le village allait s’y construire. Tout était prêt. Or, quelques nouveaux résidents près de la gare ont convaincu l’influent Mgr Latulippe en visite, de faire construire l’église chez eux. Le mécontentement des quelques familles déçues a trouvé écho durant plusieurs décennies. L’anecdote du nom du village est aussi particulière. Le puissant numéro un de la colonisation, Hector Authier, basé à Amos aurait piqué une crise à Québec en constatant tout comme les nouveaux colons que la gare et donc le village à venir, désigné dans une langue autochtone, commence par deux syllabes qui ressemblent en français à un excrément : Kakameo. Pour s’excuser de ce nom pouvant être rebutant, le responsable au gouvernement a proposé de rebaptiser l’endroit : Authier. On peut dire qu’Hector Authier en ne s’y opposant pas, avait… une bonne estime de lui-même. La colère a faibli. Aujourd’hui, un superbe monument hautement symbolique contient une statue grandeur nature d’Hector Authier près du chemin de fer. Pour ce qui est du nom Authier-Nord, un jeune humoriste de Val-d’Or mentionnait sa surprise que Authier soit assez gros pour mériter… une banlieue Nord.
Quand on a de bonnes idées et qu’on en fait la démonstration, il arrive qu’elles soient exportées. Authier excelle depuis longtemps en cette matière. Au début des années 80, le premier Festival de camionneurs en Abitibi-Témiscamingue eu lieu à Authier et prenait appui sur les nombreux camions de la CFNO et de leurs habiles conducteurs. Notre-Dame-du-Nord et Barraute ont repris l’idée qui étaient géniale. La chorale Les Gaie lurons d’Authier était la chorale de chants populaires de l’Abitibi-Ouest pendant 25 ans et leurs spectacles à Taschereau, Authier, Macamic et La Sarre étaient très courus. La Sarre a repris le flambeau avec la retraite de la chef de chœur. Le masson Achille Bergeron a exporté son savoir-faire de pierre des champs jusqu’à faire le revêtement extérieur de l’église de Vassan. D’autres l’ont imité. Plus de 20 ans du théâtre comique « La vie dans le Rang 2 » en face de l’école musé dynamisé par ce projet, a vu sa suite assurée par un déménagement dans la grange-musée de Colombourg, mieux assurable. Par contre, le casse-croute octogonal d’Angèle Auger où nul ne pouvait s’exclure de la conversation du moment, les courses annuelles de Tracteurs à pelouse, fruit d’une course à deux pour finir sa moitié de tonte du cimetière, sont des éléments qui n’ont jamais été repris ailleurs à ce jour. Bref, ici on acheminait le bois vers l’exportation, on a passé au suivant nos idées et nos projets et c’est maintenant les menés de truite de la pisciculture de M. Genesse alimentée par l’eau pur de l’esker local, qu’on envoi partout au Québec pour regarnir les stocks de poisson des cours d’eau. On doit beaucoup à Authier qui est d’ailleurs en train de se regarnir démographiquement. Quel sera le prochain projet?
Un texte de Guillaume Beaulieu
Ce projet a été réalisé grâce au soutien financier du ministère de la Culture et des Communications.